La force du nombre

La Puissance de l'Unité : Comment la Majorité Africaine Peut Vaincre l'Oppression. 

J’ai toujours admiré le combat acharné des Afro-Américains. Bien qu’ils ne représentent que 13 % de la population américaine, ils ont lutté de l’esclavage jusqu’à l’élection d’un président noir—la preuve qu’une minorité peut ébranler les fondements du pouvoir. Adolescent, j’ai même confondu leur visibilité dans les mouvements pour la justice sociale avec une force numérique.  

Pourtant, en Afrique, où nous sommes majoritaires sur notre propre terre, nous restons colonisés dans les faits, sinon dans le nom. Nous élisons nos dirigeants, mais l’injustice, la haine et le mépris persistent—normalisés comme de simples « affaires courantes ». Pourquoi ? Parce que la faiblesse attire la domination. Pour être gouverné par la force, il faut d’abord être vaincu. Et la défaite persiste lorsque les opprimés restent divisés.  

L’Analogie du Vol de Voiture : L’Avenir Volé de l’Afrique 

Imaginez qu’on vous vole votre voiture et qu’elle soit garée dans le garage du voleur, qui la revendique comme sienne. Vous, le propriétaire légitime, agissez :  

1. Voie Légale : Vous portez plainte (auprès de policiers qui, comme vous, sont des Africains). Mais ils vous rejettent : « Affaire classée. La voiture n’est plus à vous. Le nouveau propriétaire, c’est le colon depuis longtemps. » Le verdict ? Trouvez une autre voiture.  

2. Unité dans l’Action: Admettez votre faiblesse—mais utilisez votre nombre. Rassemblez une foule pour reprendre ce qui est à vous. Subirez vous des pertes? Probables. Mais la liberté exige des sacrifices. C’est ça, la révolution : la majorité qui refuse l’injustice.  

Malcolm X disait à propos des 6 millions d’Afro-Américains durant les droits civiques : «Si la majorité des Noirs descendaient dans la rue, ce serait un changement de régime. Mais nous sommes divisés.»

L’Afrique est-elle un paradoxe ? Oui. Nous sommes la majorité, mais nous agissons comme une minorité impuissante. La démocratie, c’est la voix du plus grand nombre—mais seulement si ce nombre s’exprime d’une seule voix. 

Notre force n’est pas dans les armes, mais dans l’unité. Une minorité ne peut pas dominer éternellement une majorité consciente.  

La question est : Quand arrêterons-nous de nous plaindre—pour enfin agir comme la majorité que nous sommes?

Yusuf Monhaté