Le financement du secteur privé en Afrique

Le modèle de développement d'organismes internationnaux pour l'Afrique a montré ses limites, étant donné qu'après plus de 50 ans, le secteur privé africain, en particulier en Afrique subsaharienne, est moribond malgré les projets d'infrastructure entrepris.
Avoir des infrastructures est un atout pour un pays, surtout ceux qui sont en voie de développement (la plupart des pays d'Afrique subsaharienne), mais ne crée pas de richesse car c'est un investissement économique. La création de richesse passe pas par la redynamisation du secteur privé national - les investissements privés extérieurs rapatrient leur richesse (logique, il faut les attirer) mais ils sont des acteurs majeurs en termes d'emploi et de transfert de technologie en Afrique.

La construction d'infrastructures telles que les routes, les hôpitaux, les barrages, les stades, etc... est un facteur majeur d'amorçage du développement, mais lorsqu'il n'est pas suivi d'investissements financiers, la machine rouille. Les banques de développement, dont l'action est centrée sur les projets d'infrastructures en Afrique, n'ont pas produit les résultats escomptés, et les pays africains croulent sous le poids de lourdes dettes.
Comme illustration, le président Houphouët Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire, a fait de Yamoussoukro une ville dotée de bonnes infrastructures (routes, écoles, logements, etc.) mais n'a pas pu insuffler de dynamisme économique à cette ville à travers la création d'un secteur privé fort. Tout venait de lui (comme la Banque Mondiale), quand il est mort, la ville n'a pas évolué, la ville a encore ses infrastructures bien que se détériorant, mais le carrefour qu'est Yamoussokro entre le Sud, l'Ouest et le Nord de la Côte d'Ivoire, n'a pas été bénéfique pour la ville ; Yamoussokro devrait être un grand pôle économique et financier en Côte d'Ivoire.
Ce constat est visible aujourd'hui sous le président Allassane Ouattara avec la mise sur pied de projets d'infrastructures à travers le pays, ce qui lui donne une fière allure, notamment Abidjan (la perle des lagunes). Pour remédier aux erreurs du passé, le président de la république issu du FMI, a déclaré cette année, celle de la jeunesse. Le financement des entreprises locales et des start-ups est donc une priorité pour l'Etat afin de redynamiser son secteur privé national. Dans cette perspective, que nous saluons, l'inefficience des procédures administratives constitue un frein à la réalisation de cet objectif.

Lorsqu'un Etat à travers ses agences de développement débloque un budget pour la création et le financement d'entreprises, celui-ci doit atteindre le nombre maximum de bénéficiaires. Mais en Afrique c'est tout le contraire et on voit que l'argent alloué est sous-utilisé.

Les dirigeants créent-ils un filtre pour réduire l'accès à ces fonds ? Qui est à l'origine de la corruption parce que l'argent ne retourne pas d'où il vient, ou que le mécanisme d'accès des start-ups et PMEs à ces fonds n'est pas efficace?
Quels que soient les 2 cas, l'objecfif de l'Etat étant le développement du secteur privé pour lutter contre le chômage des jeunes, la creation d'entreprises, partant le développement de son économie, le gouvernement doit donc accélérer l'accès à ces fonds pour les entrepreneurs ivoiriens. Et cela passe par la facilitation de l'accès au financement, la révision de ses exigences et la communication autour de ses programmes de financement pour les entrepreneurs (ce qui est le cas dans la plupart des pays africains). On vous propose des fonds et c'est un vrai casse-tête chinois pour y accéder, alors que l'idée est d'épuiser ces fonds.

La récente débâcle de SBV (Sillicon Valley Bank), va rendre l'accès au financement encore plus difficile pour les startups et en Afrique où les PMEs locales peinent à trouver des financements, alors imaginez les startups. Les États africains doivent revoir leur mécanisme et leur procédure de financement des start-ups et des PMEs, et les rendre plus flexibles par l'innovation. L'un des moyens efficaces est la réalisation de projets clé en main et l'acquisition d'infrastructures opérationnelles pour les bénéficiaires afin de réduire les risques. Mais pour y arriver, il ne faut pas demander à un jeune chômeur de dépenser de l'argent (qu'il n'a pas) pour produire un bataillon de documents payants pour accéder à ces fonds. Le processus d'enregistrement de la société, d'impôt et d'ouverture de compte bancaire doit être accompagné après l'approbation de la demande de financement. L'idée étant de permettre le maximum de bénéficiaires, l'assouplissement des procédures de financement permettrait la création de plus d'entreprises, l'accès aux fonds pour plus de PME, l'augmentation du taux de bancarisation (qui générera plus de traçabilité) et des recettes fiscales (les startups sélectionnés seront immédiatement immatriculés aux impôts).
Il faut pouvoir mettre en place des structures d'accompagnement post-financement en mettant à disposition de ces start-ups des consultants indépendants (des étudiants en cours de cursus peuvent être recrutés à temps partiel pour cela) pour assister les entrepreneurs pour l'etablissement de leur entreprises et leurs operations. Pour une année dediée a la jeunesse, il faut impliquer massivement les jeunes.

L'Afrique et particulièrement la Côte d'Ivoire ont une population jeune qui devrait être mise à profit pour le développement du secteur privé. Les récentes attaques racistes en Tunisie sont un signal d'alarme pour nos gouvernements, les jeunes ne peuvent pas dépenser leurs économies pour chercher une vie meilleure dans d'autres pays. Quand un jeune avec 2 millions de FCFA mais qui se résout à « partir à l'aventure » au lieu d'utiliser cet argent comme capital, cela dénote un grand besoin de sensibilisation et d'accompagnement de nos jeunes, sur les possibilités et les opportunités de leur pays. La "facilité des affaires" doit aussi l'être pour les nationaux qui sont le fer de lance de la redynamisation du secteur privé local.

Pour amorcer tout développement, cela passe nécessairement par la construction d'infrastructures, mais ce qui réduit la pauvreté de la population, c'est la transformation des investissements économiques en investissements financiers. Pour ce faire, le développement du secteur privé national doit être l'étape cruciale après la mise en place de ces infrastructures. La disponibilité des capitaux permettra la création et le développement des entreprises, l'accent doit donc être mis sur l'accessibilité de ces capitaux au plus grand nombre. La jeunesse étant la priorité des gouvernements africains car constituant plus de 60% de la population, doit être sensibilisée, impliquée et accompagnée dans ce processus de redynamisation du secteur privé en Afrique. Lorsque les meilleures stratégies et des actions décisives seront prises et mises en œuvre, alors l'Afrique redorera son image car sa jeunesse ne fuira plus l'Afrique, elle prendra conscience de tout son potentiel, des richesses et des opportunités qui foisonnent sur son continent.


Marius C. Oula




























































































































































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