Le mirage Ivoirien.

La Côte d'Ivoire contribue pour près de 40% au PIB de l'UEMOA, et pourtant certains persistent à nous comparer à nos voisins, qui, affirme-t-on, nous envient — ce qui, au demeurant, est assez flatteur de leur part.  
Mais on ne se mesure pas aux derniers de la classe, surtout lorsque l’on se souvient qu’il y a trois décennies, nous étions au même niveau que la Corée du Sud.

L’Afrique du Sud, qui fait partie des BRICS, peut-elle sérieusement se comparer au Eswatini ou au Lesotho en matière de développement?

«Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.»


Le café et le cacao représentent plus de la moitié de nos recettes d’exportation, et pourtant, après l’accumulation de Usd ~90 milliards de dettes, aucune usine de transformation digne de ce nom n’a vu le jour.  
Le président sait parfaitement ce qu’il conviendrait de faire. Mais il ne peut pas — ou ne pourra pas — le faire. Devrions-nous lui venir en aide?  
Lors d’un meeting, il a laissé échapper: «Je suis fatigué, permettez-moi d’aller me reposer et de passer du temps avec mes petits-enfants...» 
Ce n’était pas un appel à ses militants, mais un cri du cœur adressé à ceux qui decident: «Je ne peux continuer, car je parle de développement à un peuple pour qui il reste inaccessible, dans un système où je dois suivre une feuille de route qui n’est pas la mienne.»

Preuve en est: alors que ses partisans le suppliaient de rester au pouvoir, il est allé consulter ses mentors, en France, sur la possibilité d’un quatrième mandat.  
Ils lui ont répondu: «Bien sûr, vous devez rester. Qui d’autre que vous peut maintenir l’illusion du “miracle ivoirien” et préserver nos intérêts, surtout face aux menaces que représentent vos voisins du Nord? Les chiffres témoignent du bon travail que vous accomplissez. Et face aux protestations, vous avez le feu vert pour réprimer — nous vous soutiendrons.»

La politique de la carotte et du bâton consiste à étirer sur vingt ans ce qui aurait pu être réalisé en cinq.  
Une stratégie soigneusement entretenue par les institutions internationales, qui financent quantité de projets sans incidence réelle sur le développement de l’Afrique.

La RDC, qui détient plus de 60 % des réserves mondiales de cobalt et d’importantes quantités de coltan et de lithium, ne recevra aucun investissement lui permettant de fabriquer des téléphones, des véhicules électriques ou des panneaux solaires.  
Alors, comment pourrions-nous, nous, espérer produire du chocolat plutôt que d’exporter notre cacao brut?

La France, leader mondial du nucléaire, ne nous autorise toujours pas à y recourir.  
Notre sous-développement est planifié, entretenu. De temps à autre, on nous jette une carotte — routes, ponts, écoles —, mais dès que nous en réclamons davantage, le bâton nous rappelle à l’ordre.  
«Espèces d’ingrats! n’êtes-vous pas mieux lotis que vos voisins? Notre partenariat est gagnant-gagnant: nous sommes le colonisateur, vous êtes le colonisé. Cela doit durer, pour votre bien. Sinon, votre pays sombrera dans le chaos. Nous ne nous laisserons pas chasser… nous aimons trop notre chère Côte d’Ivoire. Ô ma tendre Côted'Ivoire, je te parerai de nouveaux ponts, de nouvelles routes — mais le chocolat restera fabriqué en Suisse, et le cours de ton cacao, fixé par nous. Car nous t’aimons tant.
Ne réfléchit pas trop a trouver des solutions innovantes pour ton développement, cela sera fastidieux pour toi ma belle, nous avons deja fait cet effort, voici ta nouvelle feuille de route.

Nous t'embrasons si tu ne la suis pas.»


Yusuf Monhaté 

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