Les enjeux d'une guerre commerciale.

La Chine et les États-Unis: un duel économique aux enjeux planétaires.

La Chine initia sa mue révolutionnaire en 1966 sous l’égide de Mao Tsé-toung. Bien que ce processus ait engendré un lourd tribut humain, ses effets se concrétisèrent deux décennies plus tard, propulsant aujourd’hui l’Empire du Milieu au rang de première puissance économique mondiale.  

À présent, les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, semblent engager leur propre révolution, marquée par un virage protectionniste et un isolationnisme potentiel. Toutefois, face aux défis géoéconomiques contemporains – notamment la guerre commerciale déclarée contre la Chine –, la nation américaine se doit de moderniser ses infrastructures, pilier de la réussite chinoise.  

Or, les infrastructures ne s’érigent pas en un clin d’œil, à moins que Elon Musk n’ait percé le secret de la construction des pyramides égyptiennes…  

L’administration Trump joue-t-elle avec le feu?  

Assurément non. Le président américain peut compter sur l’expertise d’éminents capitaines d’industrie (Elon est le grand businessman de la planète), garants d’une stratégie visant à prévenir la crise financière latente et à restaurer une économie réelle. En réindustrialisant le pays et en relançant l’emploi productif, les États-Unis entendent renforcer leur autonomie stratégique – d’où l’accent mis sur les matières premières, comme en témoigne la proposition faite à Volodymyr Zelensky.  

Pour éviter toute spéculation stérile, retenons ceci: ce conflit commercial entre les deux principaux exportateurs mondiaux rebattra les cartes du système économique global.  

Contrairement à la Chine, le marché américain reste le premier consommateur mondial, évoluant dans un écosystème occidental. Opérer une transition des modes de consommation exige d’abord une évolution des comportements, couplée à une hausse de la productivité, tout en contenant la concurrence.  

Sous Trump, l’Amérique emprunte cette voie – comme en attestent ses récentes réunions gouvernementales – en transformant ses habitudes alimentaires, son système de santé et son modèle économique.  

Cette posture « Moi contre le monde », chère à Trump, incarne l’audace propre aux grandes entreprises révolutionnaires: n’hésitant pas à corriger le tir si nécessaire, les visionnaires savent façonner de nouveaux paradigmes économiques.  

Le face-à-face stratégique de Trump et Xi : un spectacle géoéconomique.

Nous observons avec fascination les manœuvres de ces deux titans, préférant de loin cette guerre économique à l’affrontement sanglant de Gaza – dont les enjeux, il est vrai, sont aussi économiques, au regard des réserves gazières découvertes au large de la bande côtière.  

En Afrique, nous assistons, commentons, mais n’anticipons guère de prise de position officielle. Nos dirigeants attendront, avec une patience quasi religieuse, que le vainqueur de ce conflit commercial leur dicte sa feuille de route.  

Pourtant, tandis que ressources naturelles et flux commerciaux dominent les débats, l’Afrique peine encore à concrétiser ses accords régionaux de libre-échange.  

Spectateurs impuissants? Peut-être. Mais si nous ne pouvons choisir de camp, assumons alors le rôle d’arbitre.  

Yusuf Monhaaté